Chemin du Roy et Chemin de la Reine

Le Chemin du Roy : une route digne

Au début de la colonie, les seules voies de déplacement sont les cours d’eau et les sentiers aménagés par les Autochtones. Le premier cheval à traverser l’Atlantique arrive en 1647 et c’est donc à partir de ce moment que se développent très graduellement les voies de circulation terrestres.

Au début du 18e siècle, il existait bien des bouts de routes ici et là, mais aucune voie ne reliait encore Montréal à Québec. C’est en 1706 que le Conseil supérieur de la Nouvelle-France décide de construire une route qui longera le fleuve, là où se trouvent les habitations, mais ce n’est qu’en 1731 que débute la véritable construction du Chemin du Roy.

Grand Voyer

Vers 1687, le poste de grand voyer est créé. Nommé par l’intendant, le grand voyer est le responsable de la voirie de l’époque; il choisit les tracés et supervise la construction et l’entretien des routes. Le poste est plutôt honorifique pendant plusieurs années, mais prend de plus en plus d’importance au tournant du 18e siècle. Chaque seigneurie est obligée, sous peine d’amende, de procéder à l’élaboration, la construction et l’entretien de sa portion du Chemin du Roy. C’est grâce à des corvées organisées tout le long du fleuve qu’en 1737, le Chemin est complété entre la Place Royale à Québec et le Vieux Montréal. Au terme du chantier, il s’étire sur 280 kilomètres, et ce, à travers 37 seigneuries, dont celle de Repentigny. Le trajet entre les deux villes, qui correspond sensiblement à la route 138 actuelle, prend alors entre quatre et six jours en diligence. Des auberges et des relais s’élèvent alors le long du parcours, dont celui à la pointe de Repentigny, là où les convois doivent emprunter le traversier pour se rendre à Montréal.

Le Chemin de la Reine

L’achalandage du chemin longeant le nord de la rivière de l’Assomption connaît une augmentation, surtout au tournant du 19e siècle, et devient une partie de la route nationale. Il faut dire que l’achalandage sur le Chemin du Roy de Repentigny vers Montréal et le manque d’entretien laissent la route en mauvais état. Elle est décrite comme un « chemin boueux et cahoteux, insuffisamment large pour atteler deux chevaux, surtout praticable en hiver lorsque le sol est gelé ». De plus, elle est souvent inondée au printemps et les crues successives effritent considérablement la berge.

En 1841, on déplace plus loin du fleuve le Chemin du Roy. Pas surprenant alors qu’on abandonne une partie de cette route à la hauteur de Saint-Sulpice pour prendre le Chemin de la Reine, une voie par laquelle les gens arrivent de Montréal ou y retournent en profitant de la traverse à l’extrême est du boulevard Gouin de Montréal au point de rencontre Charlemagne-Lachenaie. Voilà comment le Chemin de la Reine est devenu partie intégrante de la route nationale Montréal-Québec. On l’appelle ainsi puisqu’il a été établi sous l’empire britannique pendant le règne de la reine Victoria.