Traverses

Les ponts Porteous

Puisque les traverses entre Montréal et Repentigny occasionnent plusieurs inconvénients au printemps et à l’automne, Thomas Porteous, homme d’affaires, demande la permission d’ériger un pont en bois sur la rivière des Prairies, du Bout- de-l’île à l’embouchure de la rivière de l’Assomption, en passant par l’île Bourdon (dont il est propriétaire résident), et par le fait même, le droit de percevoir un péage.

Un premier pont est érigé le 16 mars 1805 entre Lachenaie et l’île Bourdon. L’année suivante, un deuxième pont reliant Montréal à cette même île est complété. Ces deux ponts, nommés « L’Union de Douglas », sont en opération en 1806, mais sont emportés par les glaces au printemps de 1807. Thomas Porteous accepte de reconstruire les deux ponts en

1808, à condition de pouvoir construire un troisième pont entre l’île Bourdon et Repentigny. En 1811, l’un des ponts s’effondre et les bacs doivent reprendre le transport entre les deux rives. Il décède en 1830 sans revoir la construction d’un nouveau pont.

Les jetons utilisés pour le péage du pont Porteous sont frappés à Birmingham, en Angleterre, avec une faute d’orthographe : un « u » apparaît à la place d’un « n », ce qui donne « Repentiguy ». L’ouvrier responsable, qui ne connaissait pas la langue française, n’avait pour se guider qu’un simple manuscrit.

Vers 1833, un nouveau projet de pont pour relier Repentigny et le Bout-de-l’île est envisagé mais abandonné, les finances de la province de Québec ne permettant pas sa concrétisation. La grande traverse poursuit donc ses activités pendant plusieurs années.

D’autres projets sont envisagés en 1839, 1850 et 1855, mais les travaux sont toujours reportés. Plus de 130 ans séparent la construction du premier pont de Thomas Porteous et le pont Le Gardeur.

Thomas Porteous était sans contredit un personnage important en regard du développement économique régional. En plus de se consacrer à la construction de ponts, il exploitait une fabrique de potasse à Sainte-Thérèse. Il s’est aussi impliqué en administration municipale et bancaire pour la Banque d’épargne de Montréal. En outre, il a été président de la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal tout en participant à la création de la Banque de Montréal et en assumant la présidence de la Fire Engine Company et de la Société d’agriculture de Montréal.

Le pont Laurier

C’est en 1903 qu’est établi un pont ferroviaire de la Compagnie du Grand Tronc (Canadien National dès 1923) doté de passerelles permettant aux voitures de traverser de Montréal vers Joliette via Saint-Paul-l’Ermite. La construction de ce pont d’acier allège le service des traverses.

Il est inauguré en 1904 et porte le nom de Sir W ilfrid Laurier, seul francophone originaire de Lanaudière à accéder au poste de premier ministre du Canada (1896-1911). Né à Saint-Lin de Lachenaie (Saint-Lin des Laurentides) le 20 mai 1841, il fait ses études primaires à Saint-Lin. Il passe deux ans à Glasgow où il apprend l’anglais qu’il parle par la suite avec un accent écossais. Il suit des etudes classiques au Collège de l’Assomption. Étant doté d’une intelligence remarquable, il s’absente de classe pour aller entendre les orateurs « rouges ». Il entreprend des études de droit au McGill College (Université McGill) à Montréal, profession qu’il exercera très peu.

Conçu pour le transport ferroviaire, le pont Laurier est muni de passerelles en bois de chaque côté permettant le passage de voitures à essence et hippomobiles et facilitant ainsi les déplacements d’une rive à l’autre. On voit alors arriver des gens de Montréal, des bourgeois aisés attirés par les grands espaces, les plages et la vie de banlieue. Repentigny devient alors l’une des banlieues de la région métropolitaine de Montréal, surnommée la « Westmount-de-l’Est ». Ces passerelles sont retirées en 1939 lors de l’achèvement de la construction du pont Le Gardeur.

Le pont Reed-Grenier

Inauguré le 2 février 1921, ce pont enjambe la rivière de l’Assomption pour relier Repentigny à Charlemagne. Sa construction a été confiée à Joseph Brouillette, un contracteur de L’Assomption. En 1962, le pont est démoli, reconstruit et plus tard élargi lors de la construction de l’autoroute 640.

À l’origine, il porte le nom de pont Grenier; c’est en 2006 que la Commission de Toponymie du Québec accède à la demande de la Ville de Charlemagne, appuyée par la Ville de Repentigny, abroge le nom du pont Grenier et le nomme officiellement pont Reed-Grenier. L’ouvrage doit son nom à W alter Reed et Hector Grenier. W alter Reed est né à Saint-Clément (Beauharnois) en 1869 et y fait ses études. Entrepreneur en construction, il réside à L’Assomption de 1910 à 1935. Il est élu député libéral provincial de 1908 à 1935 dans la circonscription de L’Assomption. Il décède en 1945 à Montréal et est inhumé dans le cimetière de L’Assomption. Un pont construit en 1920 à L’Assomption porte le nom de Reed-Séguin. Il s’agit du même W alter Reed. Quant à Hector Grenier, cultivateur, il a été maire de Repentigny et préfet du comté de 1919 à 1929.

Le pont Jean-Baptiste-Legardeur (anciennement pont Le Gardeur)

Le pont Le Gardeur, construit en 1938, est inauguré l’année suivante par l’honorable W illiam Tremblay et Ulric Deschamps, maire de Repentigny de 1935 à 1941. Sa conception est l’œuvre d’Ernest Cormier, architecte, ingénieur, professeur et aquarelliste québécois né à Montréal en 1885.

En 2020, à l’occasion du 350e anniversaire de Repentigny, le nom de pont Le Gardeur est remplacé par le nom de pont Jean-Baptiste-Legardeur. Le pont fait référence à la famille fondatrice des Legardeur, plus précisément à celui qui est reconnu à titre de cofondateur de Repentigny. Ce pont routier met définitivement fin à l’ère des traverses à la pointe de Repentigny.

Le pont Jean-Baptiste-Legardeur est composé de deux structures différentes, la première reliant Montréal à l’île Bourdon et mesurant 590,6 mètres (1 937,6 pi), la deuxième reliant l’île à Repentigny et mesurant 332,8 mètres (1 091,9 pi) en enjambant la rivière des Prairies avec une courbe de 650 mètres (2132,5 pi). Il comporte deux voies de circulation, soit deux dans chaque direction, lesquelles sont séparées par une ligne médiane.

Le pont Rivest

Construit en 1966, ce pont de l’autoroute 40 (autoroute Félix-Leclerc) enjambe la rivière de l’Assomption. Il a été nommé en l’honneur de Benjamin Moreau, un précepteur d’école élémentaire né à Louiseville. Il se marie à Repentigny en 1830 à Angélique Lareau. Devenu veuf, il se remarie à Justine Deschamps. En 1851, au recensement, il apparaît comme « marchand de marchandises sèches » et possède deux magasins, un à Repentigny et l’autre au Petit Village situé au nord de la rivière de l’Assomption.

Le pont Benjamin-Moreau

L’idée de construire un pont sur la rivière de l’Assomption est lancée par les habitants en 1856, mais n’est pas retenue. Ce n’est qu’en 1966, soit 110 ans plus tard, avec l’avènement de l’autoroute 40, que ce pont de béton est construit.

Ce pont, d’une longueur totale de 168,4 mètres (552,5 pi), enjambe la rivière de l’Assomption pour relier le boulevard Brien du nord au sud. 

Son alignement est légèrement dévié de l’axe du chemin de ligne original (boulevard Brien et rue Saint-Paul); d’ailleurs, le boulevard Brien a été partiellement redirigé en conséquence.

Son nom provient de la terre appartenant à la famille Rivest où il a été construit. En 1963, la construction du pont Rivest met définitivement fin à la petite traverse.

Premier maire de Repentigny (1855-1858), Benjamin Moreau fait préparer et signer les requêtes qui mèneront à la fondation de la municipalité de Saint-Paul-l’Ermite en 1857, laquelle deviendra Le Gardeur en 1978 et enfin Repentigny en 2002. Benjamin Moreau est élu deuxième maire de Saint-Paul-l’Ermite (1860-1861). Il décède à Montréal en 1871. Ce pont est un facteur névralgique du développement de la Ville de Repentigny.

Transport ferroviaire

Août 1901 – Le tracé de la ligne de chemin de fer projeté entre le Bout-de-l’île et Joliette est maintenant terminé. C’est le début de la construction de la voie ferrée.

Le 11 janvier 1904, suite à l’inauguration du pont Laurier, les activités d’exploitation ferroviaires sont lancées et rapidement, il est demandé à la Canadian Northern Quebec Railway Company de construire une gare à Saint-Paul-l’Ermite, la population et les voyageurs étant alors assez nombreux pour supporter cette demande. La construction de la gare est réalisée entre 1904 et 1911, alors qu’Omer Séguin est agent et opérateur télégraphique en 1911. Le bâtiment se trouve légèrement à l’ouest de l’intersection de la voie ferrée et de la rue Saint- Paul, et sur le côté sud du chemin de fer.

Une inspection en 1915 mentionne que la gare est une construction d’un étage de 3,6 sur 6,1 mètres (12 sur 20 pi), divisée en deux pièces, l’une servant de salle d’attente et munie de bancs en bois, l’autre servant de bureau pour le chef de gare. Les installations comprennent un garage à marchandises, de même qu’une bâtisse séparée mesurant 6,1 sur 9,75 mètres (20 sur 32 pi) et doté d’un débarcadère d’une longueur de 76 mètres (250 pi) menant à la gare et au chemin public. La gare est en fonction jusqu’en 1966 et contribue au développement industriel du territoire.