LES SEIGNEURIES

Le territoire de Repentigny s’ouvre à l’ère seigneuriale dès 1647 lorsqu’il est concédé à Pierre Legardeur de Repentigny qui décède avant d’en prendre possession. En 1670, son fils, Jean-Baptiste, vint s’y établir et fit bâtir son manoir ainsi qu’un moulin à vent près du pont Le Gardeur. Il concéda les premières terres et vendit à Charles Aubert de La Chesnaye – important homme d’affaires de la Nouvelle-France, la plus grande partie de la Seigneurie, soit tout le territoire situé au nord de la rivière de l’Assomption, qui devint la Seigneurie de Lachenaie.
Celle- ci sera à nouveau réunie au patrimoine des Legardeur en 1715 par le petit-fils et homonyme de Pierre Legardeur, sur l’initiative de son épouse Agathe de St-Père, une des premières femmes d’affaires de la Nouvelle-France.
La famille Legardeur conserva la propriété de Repentigny de 1647 à 1764, hormis le domaine seigneurial vendu à Claude Hunault dit Deschamps en 1746.

Le moulin seigneurial

Les seigneurs avaient l’obligation de construire et d’entretenir un moulin à farine pour leurs censitaires. Legardeur s’acquitte rapidement de la construction.

Le seigneur Legardeur prend possession de sa seigneurie au printemps de 1670 et dès septembre il donne un contrat pour faire construire un moulin. Le domaine seigneurial est situé à l’embouchure des rivières et du fleuve, dans l’environnement du pont Legardeur actuel.

Les travaux débutent à l’hiver 1671, mais construit en bois et très près du fleuve, les éléments auront rapidement le dessus sur lui, en effet il n’apparaît plus dans l’inventaire réalisé en 1681.

Les Repentignois seront sans moulin jusqu’en 1816, soit pendant près de 150 ans.

Il faut savoir que les obligations seigneuriales étaient plus théoriques que réelles.

Extrait de la carte d'Antoine Dalmas représentant la pointe de Repentigny et l'emplacement du premier moulin - 1674

Une première chapelle

Une première chapelle d’une longueur de 40 pieds sur 22 fut érigée en 1678. Construite en murs de pieux avec un toit de paille, elle était située à la pointe de Repentigny, près du manoir seigneurial, là où aujourd’hui le pont Le Gardeur dépose ses assises dans Lanaudière. Évidemment démolie depuis, elle portait le nom de : « La Conception ».
Avant 1684, Repentigny était considéré comme une « mission » et c’est donc un prêtre missionnaire qui desservait la seigneurie.
Peinture représentant l'église de Lachenaie, construite sur le même modèle que l'église de Repentigny avant son agrandissement de 1850

Régime seigneurial

Instaurées en Nouvelle-France dans les années 1620, les seigneuries offraient une organisation du territoire pour régir les rapports hiérarchiques entre les habitants. Même si ce régime a été aboli en 1854, des rentes seigneuriales ont continué à être perçues jusqu’en 1970.
Les seigneuries de la Nouvelle-France au 17e siècle, les premiers fiefs sont concédés surtout autour de la ville de Québec, le premier noyau de peuplement. En 1662, Mgr François de Laval achète la seigneurie de Beaupré à la Compagnie des 100 associés. Cette seigneurie, appelée aussi les terres du Séminaire, fait encore aujourd’hui plus de 1600 kilomètres carrés. Dans les basses terres du Saint-Laurent, où la tenure seigneuriale est en vigueur, il faut normalement deux ans à une famille pour défricher un hectare d’une forêt de feuillus et pour construire une cabane de bois, et cinq ans pour défricher les trois hectares nécessaires à l’autosuffisance. Une bonne partie de la production est consacrée à satisfaire les besoins des colons français et à s’acquitter des obligations, comme le paiement de la dîme et des droits seigneuriaux. Louis-Michel Viger est le dernier seigneur de Repentigny, et du côté nord de la rivière de l’Assomption, Aurélie Faribault agit à titre de seigneuresse de l’Assomption. Ceux-ci représentent environ 450 censitaires.
Par l’Acte abolissant les droits et devoirs féodaux dans la Province du Bas-Canada – adopté en décembre 1854 – les seigneurs sont indemnisés pour la perte de leurs droits et surtout, conservent la pleine propriété des terres non concédées. Deux choix s’offrent alors aux censitaires pour le paiement des cens et rentes seigneuriales : payer d’un coup l’équivalent de dix-sept années de rentes ou continuer de payer chaque année pour rembourser la dette. Alors que la situation perdure, le gouvernement du Québec adopte, en 1935, la Loi abolissant les rentes seigneuriales; il faudra attendre les années 1970 pour qu’en disparaissent les derniers vestiges de ces rentes.
Le régime municipal s’impose de manière plus importante en 1855, avec l’Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada, ce qui jette les bases de notre Code municipal. Ceci permettra notamment la création d’une municipalité distincte pour Saint-Paul-l’Ermite en 1857. Un nouveau régime politique donnant plus de pouvoir aux citoyens s’instaure et sera peaufiné au fil des ans.