Les Usines Cherrier

En 1940, les habitants de Saint-Paul-l’Ermite, au nombre de 750, assistent à la naissance du plus grand complexe industriel entre Montréal et Québec : les Usines Cherrier (autrefois Les Arsenaux canadiens Limitée), nommées en l’honneur de Côme-Séraphin Cherrier, avocat, homme politique et homme d’affaires, né à Repentigny le 22 juillet 1798.

Le site est choisi en raison du sol argileux, de l’accessibilité au chemin de fer et au pont Laurier, de la proximité de Montréal et du fleuve, de l’accès à la rivière (Service des incendies et eau potable) et de l’espace disponible pour de nombreuses installations.

Départ abrupt

Le 10 juin 1940, 13 hectares (1,4 million pi2) de terres agricoles sont expropriés, du 45, rue du Village jusqu’à la rue Saint-Paul. Le geste bouscule la communauté, mais une fois le choc initial passé, la population bénéficie rapidement des importantes retombées générées par le « plan ».

Retombées majeures

L’ensemble du complexe comporte alors 476 bâtiments, dont 424 à l’intérieur du site, en plus des « hôtelleries » logeant les employés de l’extérieur (50 % proviennent de la région de Montréal, 30 % de la région de Joliette, 20 % de Saint-Paul-l’Ermite, Repentigny et municipalités environnantes). Les installations comprennent également un hôpital, deux ambulances, un service de police et d’incendie, ainsi que des « tramways » pour se déplacer sur les 16 kilomètres (10 milles) de rues à l’intérieur du périmètre.

Grâce à l’implantation des usines, le village de Saint-Paul-l’Ermite jouit désormais du service d’eau potable fourni par un nouvel aqueduc et un système de filtration des eaux de la rivière de l’Assomption, toujours fonctionnel pour répondre aux besoins de l’usine (entre le 320 et le 326, rue du Village).

La main-d’œuvre est bien rémunérée; le salaire horaire d’un journalier est de 30 cents, soit 2,40 $ par jour (environ 1 000 $ par année), un revenu fort élevé pour l’époque, sachant qu’un ouvrier agricole gagne 1 $ par jour et un commis de banque 1,30 $.

Émancipation des femmes

Pas moins de 65 % de la main-d’œuvre étant féminine, il s’agit d’un nouvel accès des femmes à l’emploi d’une usine. L’entreprise a même créé une garderie afin de faciliter leur embauche. Les femmes se révèlent « constantes et appliquées dans les tâches qui demandent de la précision ».

Services récréatifs Services récréatifs

Les services récréatifs ne sont pas en reste : terrains de baseball, de balle-molle, de tennis, gymnase, salle de quilles, danse, cinéma à bas prix, soirées de lutte –, des loisirs auxquels toute la population a accès grâce à une entente avec la municipalité. La compagnie fournit également des locaux pour les activités paroissiales, les scouts, la bibliothèque… Bref, elle agit en bon citoyen corporatif.

Dans le cœur de plusieurs générations

L’entreprise née en 1940 laisse une marque indélébile sur le territoire repentignois, mais une trace encore plus profonde dans le cœur de plusieurs générations. Elle a modifié le comportement d’un village entier en lui permettant de s’émanciper en favorisant sa sortie de la « grande noirceur ». Depuis plus de 75 ans, et encore aujourd’hui, elle occupe le premier rang des employeurs privés de la Ville. L’entreprise, qui portait autrefois le nom de « Les Arsenaux canadiens Limitée », était une société d’État fédérale jusqu’à sa privatisation au milieu des années 1980. Les Usines Cherrier sont maintenant la propriété de la compagnie General Dynamics (Produits de défense et Systèmes tactiques) et continuent de jouer un rôle économique important dans la région, puisque environ 750 personnes y travaillent toujours.

École d’hôtellerie de Saint-Paul-l'Ermite

L’école d’hôtellerie de Saint-Paul-l’Ermite est mise sur pied en février 1946 par le gouvernement fédéral afin d’aider exclusivement au retour à la vie civile des vétérans. Situé dans des immeubles qui servaient au personnel des Usines Cherrier pendant la guerre, l’établissement offre des cours à la fois théoriques et pratiques, le tout divisé en trois parties principales : l’administration, l’art culinaire et les arts mécaniques.

Les élèves y sont également logés et nourris; leur conjoint et un enfant peuvent aussi y demeurer, moyennant un léger supplément hebdomadaire. D’abord d’une durée de quatre mois pour des connaissances plus générales, les cours sont offerts à 134 élèves, desquels 99 trouvent un emploi dans l’industrie. En outre, six deviennent aubergistes et poursuivent la formation pour un total de huit mois et un perfectionnement plus adéquat. Jusqu’à 402 élèves s’inscrivent à la deuxième cohorte.

Par contre, puisque la majorité des vétérans sont retournés à la vie civile, le gouvernement fédéral, ayant atteint ses objectifs, délègue la responsabilité de l’école au gouvernement provincial (de qui relève l’enseignement) qui ne prend pas le relais. L’école ferme donc ses portes en 1947. Les images illustrent différentes activités : les professeurs enseignent en classe; les apprentis cuisiniers travaillent à la cuisine; des préposées sont réunies dans une lingerie; et certains étudiants jouent aux quilles. Nous remarquons aussi le comptoir de service de l’école et la salle à manger. Enfin, les professeurs sont réunis en plein air.